les rythmes circadiens, solo exhibition
Galerie Alexandre Motulsky-Falardeau
Québec city
March 31 - April 30, 2023
Rachelle Bussières has been developing a singular practice of the image derived from photography, located at the crux of process-based artwork, a sensitivity to the effects of light, and a materialist approach inscribed in time, space, and experience. Recent works form an inventory of this evolving corpus marked by new explorations within larger format compositions.
The images invite us immediately to question their methods of production. Their ethereal and enveloping color palette recalls the representation of natural light in painting; however, they are lumen prints, photograms produced by exposing photosensitive paper to the sun or studio lights anywhere from a few minutes to several days’ duration. The surface retains the imprint of light and shadow, that which has been there, left by masking tools and other objects placed in sculptural compositions. If the indexical nature of photography is one of its ontological foundations, then the photogram is the perfect example, as underlined by Krauss; this does not mean that Bussières’ work rests on this definition alone. Her inclination for formal abstraction and her abandonment to the course of chance, as informed by her materials, expands toward a redefinition of the photographic act.
The notion of chance in photography comes from what Cartier-Bresson called the decisive moment, a means of capturing an instant, circumventing its fleeting nature by fixing it forever in the work. Bresson’s concept springs to mind because Bussières pursues its opposite, capturing the flow of time rather than truncating it. This creates a dialog between creation and sensory experience, notably through methods of embodiment, which reconnect the sensations of doing and thinking. She positions this embodied practice in response to the dominant and masculine photographic traditions of control and technical mastery. Instead, Bussières’ approach values intuition, repeated work, and long durations of time, during which light breathes life into particular visual effects: the work’s gradations emanate an impression of incandescence and aura, while evoking the movement of the sun or moon (by the recurrence of circular forms, which recall the language of cosmology) and the vibrations of the sky’s colors from which the work is literally printed. Despite being rooted in the everyday, to which the title Les rythmes circadiens refers, the images’ allusive visual qualities make it difficult not to feel as if one is in the presence of something more than reality, something celestial or metaphysical.
Text by Marie-Pier Bocquet, translated from French by Christopher Squier
Texte original -
Rachelle Bussières développe une pratique singulière de l’image dérivée de la photographie, située à la jonction d’un travail processuel, d’une sensibilité aux effets de la lumière, et d’une démarche matérielle inscrite dans le temps, l’espace et l’expérience. Les œuvres récentes font un état des lieux de ce corpus en évolution, et marquent de nouvelles explorations par des compositions de plus grand format.
D’emblée, les images invitent à questionner leurs modes de fabrication. La palette de couleurs, éthérée et enveloppante, rappelle la représentation de la lumière naturelle dans la peinture. Il s’agit pourtant d’impressions lumen, un photogramme produit en exposant des papiers photosensibles au soleil ou à des lampes dans l’atelier, de quelques minutes à plusieurs jours. Recouverts de caches ou d’objets en compositions sculpturales qui en marquent la surface, les supports conservent les empreintes et les ombres de ce qui a été là. Si le caractère indiciaire de la photographie est un de ses fondements ontologiques, et que le photogramme en est l’exemple parfait,tel que le souligne Krauss, ce n’est pas pour autant que le travail de Bussières s’en réclame entièrement. Son penchant pour l’abstraction formelle et son abandon à une forme de hasard dicté par les matériaux ouvre plutôt vers une redéfinition de l’acte photographique.
La notion de hasard en photographie survient dans ce que Cartier-Bresson a nommé l’instant décisif, soit le fait de saisir une seconde et de sublimer sa fugacité en la fixant à jamais dans l’œuvre. Ce concept vient à l’esprit car Bussière en prend le contrepied, en captant le temps dans sa continuité plutôt qu’en le tronquant. Cela relève d’un rapport incarné à la création et à l’expérience sensorielle dans sa démarche, notamment par des méthodes d’embodiment qui reconnectent les sensations corporelles du faire à la pensée, un mécanisme qu’elle positionne en réponse à la domination traditionnellement masculine de la photographie par le contrôle et la maîtrise technique. La démarche de Bussières valorise plutôt l’intuition, le travail répété et le temps long, où la lumière donne vie à des effets visuels particuliers: les dégradés d’où émane une impression d’incandescence et d’aura, l’évocation du mouvement du soleil ou de la lune (par la récurrence des formes rondes, appelant un lexique de la cosmologie), les vibrations des couleurs du ciel d’où elles sont littéralement tirées. Malgré l’ancrage dans le quotidien, auquel le titre Les Rythmes circadiens fait référence, les qualités plastiques allusives des images rendent difficile de ne pas se sentir en présence de quelque chose de plus que la réalité, d’astral ou de métaphysique.
«Chaque œuvre est l’enregistrement de sa plus pure vérité» écrivait Robinson au sujet du travail de Bussières, affirmant sa contiguïté idéologique à la photographie bien qu’il en expose le plus grand paradoxe : la véracité des images photographiques est absolue dans son essence, mais incomplète face au « tissu continu » du réel, pour citer de nouveau Krauss . Dans ce récent corpus, la matérialité des œuvres comme traces indicielles se supplémente donc d’une forme de vérité de l’expérience, celle universalisante d’être au monde dans les fluctuations du temps et de l’espace, à laquelle Rachelle Bussière continue de donner corps.
Blanc Belly, 2023, 40 x 24 inches, light exposures on two gelatin silver papers
Colline Skin, 2023, 48 x 40 inches, light exposures on four gelatin silver papers
Light exposures on two gelatin silver papers, 19 x 25 inches/each
Acquisition by the Brookfield Properties Collection
Photo by Melanie Landsman
In Conversation with John Opera
Published by Melanie Flood Projects for Broadside
Album cover for Mariee Siou
Circle of Signs
2023
Sliced
Sculptural series
2022-2023, 20 x 24 inches, sliced archival pigment prints (bas-relief)